Tuesday, 5 June 2007
Considérez le passé. Combien, grands et petits, ont de tous temps, ardemment souhaité l'avènement des manifestations de Dieu en la personne de ses élus. Tant de fois ils attendirent sa venue, priant que soufflât enfin la brise de la miséricorde divine, que la Beauté promise sortît de derrière les voiles qui la cachaient et fût manifestée au monde. Et toutes les fois que s'ouvrirent les portes de la grâce, que les nuages de la bonté divine plurent sur l'humanité et que la lumière de l'invisible brilla à l'horizon de la puissance céleste, tous le renièrent et se détournèrent de sa face - la face de Dieu Lui-même...Réfléchissez à ce qui put motiver de semblables actions et à ce qui peut provoquer une telle attitude envers les révélateurs de la beauté du très-Glorieux. La cause du refus et de l'opposition des peuples d'autrefois, quelle qu'elle soit, a maintenant abouti à la perversité des peuples de cette époque. Soutenir qu'elle doit être imputés à l'insuffisance du témoignage providentiel n'est que flagrant blasphème.Quoi de plus éloigné, en effet, de la bonté de la Providence et de sa tendre miséricorde que de choisir, entre toutes, une âme pour servir de guide à ses créatures, et de lui refuser ensuite la pleine mesure de son divin témoignage, en infligeant, d'autre part, à son peuple, un châtiment sévère pour s'être détourné de son élu.En fait, la multitude des bienfaits du Seigneur de tous les êtres n'a cessé d'embrasser, par les manifestations mêmes de sa divine essence, la terre et tout ce qu'elle contient. Pas un moment sa grâce n'a été retirée à l'humanité et les torrents de sa tendre bonté n'ont cessé de pleuvoir sur elle.Une telle conduite ne doit donc être attribuée qu'à la petitesse d'esprit de ceux qui errent dans la vallée de l'arrogance et de l'orgueil, qui se perdent dans les déserts de l'éloignement de Dieu, suivent les chemins de leurs vaines imaginations et obéissent aux aveugles diktats de leurs chefs spirituels. Leur unique souci est de faire de l'opposition, leur seul désir d'ignorer la vérité.Pour tout observateur clairvoyant, il est évident que si, aux jours de chacune des manifestations du Soleil de Vérité, ces gens avaient purifié leurs yeux, leurs oreilles et leurs coeurs de tout ce qu'ils avaient jusque-là vu, entendu et senti, ils n'auraient certes pas été privés de contempler la beauté de Dieu, et ne se seraient pas écartés des demeures de gloire.Mais ayant pesé à la balance de leur propre savoir le témoignage de Dieu et l'ayant, faute d'entendement, trouvé en désaccord avec ce qu'ils avaient glané dans les enseignements des chefs de leur foi, ils se sont levés pour commettre des actes si répréhensibles...Considérez Moïse! Du Sinaï de lumière, armé de la baguette du pouvoir céleste, doté de la blanche main du savoir divin, et s'avançant du Párán de l'amour de Dieu en brandissant le serpent de puissance et d'éternelle majesté, ce prophète rayonna sur le monde. Il appela au royaume de l'éternité tous les peuples et tribus de la terre et les invita à prendre leur part du fruit de l'arbre de la fidélité.Vous connaissez la furieuse opposition que lui firent Pharaon et son peuple, et comment les mains des infidèles lapidèrent des pierres de leurs vaines imaginations cet Arbre béni. Ils en firent tant que finalement tous les Egyptiens se soulevèrent contre Moïse et s'évertuèrent de toutes leurs forces à éteindre sous les eaux du mensonge le feu de cet Arbre sacré, oubliant que l'eau de la terre ne saurait étouffer les flammes de la sagesse divine, ni les vents du monde éteindre la lampe de l'éternelle souveraineté.Pour tout dire, une telle eau ne peut qu'attiser les dites flammes, de tels vents ne font qu'assurer la préservation de la lumière, ce que vous verrez en observant avec discernement et en suivant la voie de la volonté et du bon plaisir divins...Et lorsque les jours de Moïse eurent pris fin et que la lumière de Jésus, brillant à l'orient de l'Esprit, embrassa le monde, tout le peuple d'Israël se souleva contre lui, clamant que Celui dont la Bible avait annoncé l'avènement devait promulguer et accomplir les lois de Moïse, alors que ce jeune Nazaréen, qui revendiquait la qualité de Messie divin, avait annulé la loi du divorce et celle du sabbat, les plus importantes lois de Moïse.En outre quant à ce qui concerne les signes de la manifestation ultérieure prédite par les Ecritures, ce peuple d'Israël, aujourd'hui, en est encore à les attendre; combien de saintes manifestations, combien de révélateurs de la lumière éternelle sont apparus depuis le temps de Moïse, et cependant Israël, toujours enveloppé des voiles épais de la fantaisie satanique et des trompeuses imaginations, attend encore que l'idole qu'il a lui-même fabriquée apparaisse avec les signes qu'il a conçus.Ainsi la main de Dieu s'est appesantie sur ce peuple à cause de ses péchés, éteignant en lui l'esprit de la foi et le tourmentant des flammes du feu le plus dévorant. Et cela pour la seule raison qu'Israël avait refusé de comprendre la signification des paroles de la Bible concernant les signes de la révélation qui devait venir.Et comme les juifs ne comprirent jamais leur véritable signification et que selon les apparences extérieures, les événements annoncés ne se produisirent pas, ils restèrent privés de reconnaître la beauté de Jésus et de contempler en lui la face de Dieu. Et ils attendent toujours sa venue.De temps immémorial comme ils le font encore aujourd'hui, les peuples et tribus de la terre se sont attachés à de telles imaginations, se privant ainsi des eaux vives qui coulent des fontaines de la pureté et de la sainteté...Pour ceux qui possèdent le don de compréhension, il paraît clair et évident que, lorsque le feu de l'amour de Jésus eut consumé les voiles qui bornaient la vue des juifs et que son autorité, en partie du moins, s'imposa, lui, le révélateur de la Beauté invisible, s'adressant un jour à ses disciples, leur parla de son passage sur la terre et, allumant dans leur coeur le feu de la privation de sa présence;"Je m'en vais, leur dit-il, et je vous reviendrai. " Et ailleurs, il leur dit encore : "Je m'en vais et un autre viendra après moi, qui vous dira ce que je ne vous ai pas dit et qui accomplira ce que j'ai dit. " Ces deux propos n'ont qu'une seule et même signification, si vous méditez profondément sur les manifestations de l'unité de Dieu.Tout observateur pourvu de discernement reconnaîtra que la dispensation du Qur'án a tout ensemble confirmé le livre et la cause de Jésus. Pour ce qui est de la question des noms, Muhammad lui-même a déclaré : "Je suis Jésus. "Il a reconnu la vérité des signes, prophéties et paroles de Jésus, et attesté qu'ils étaient tous de Dieu. En ce sens, ni la personne de Jésus ni les écrits qu'il inspira ne diffèrent de la personne de Muhammad ni de son saint livre, tous deux s'étant faits les champions de la cause de Dieu, ayant fait sa louange et révélé ses commandements.C'est ainsi que Jésus, lui-même, a déclaré: "Je m'en vais et je vous reviendrai. " Considérez le soleil. S'il disait aujourd'hui: "Je suis le soleil d'hier", il dirait la vérité. Et si, tenant compte de l'écoulement du temps, il prétendait être autre que ce soleil-là, ce serait toujours la vérité. On peut, de la même façon, avancer aussi exactement que tous les jours ne sont qu'un seul et même jour, et, à la fois, qu'ils diffèrent entre eux puisque, tout en restant les mêmes, chacun a une désignation particulière, un attribut spécifique, un caractère propre.Considérez de ce même point de vue la diversité et l'unité caractéristique des diverses manifestations de sainteté pour pouvoir comprendre les allusions faites aux mystères de l'unité et de la diversité par le Créateur de tous les noms et attributs, et trouver ainsi vous-mêmes la réponse à votre question sur le point de savoir pourquoi l'éternelle Beauté a elle-même pris, selon le temps, des noms et titres divers...Quand l'Invisible, l'Eternel, l'Essence divine, fit se lever à l'horizon de la connaissance l'Etoile du Matin de Muhammad, les prêtres juifs, entre autres chicanes, élevèrent contre lui cette objection qu'après Moïse aucun autre prophète ne devait être envoyé par Dieu.En vérité, il était bien fait mention dans les Ecritures d'une âme qui serait manifestée, qui propagerait la foi et favoriserait les intérêts du peuple de Moïse, de telle manière que la loi mosaïque atteindrait le monde entier.C'est ainsi que le Roi de gloire éternelle cite, dans son livre, ces paroles prononcées par ceux qui ont erré dans les vallées de l'éloignement et de l'erreur: "La main de Dieu, disent les juifs, est enchaînée. " Qu'enchaînées soient leurs propres mains! Et, pour ces paroles, ils ont été maudis. Au contraire, les deux mains de Dieu sont toujours étendues ! Et encore : "La main de Dieu est au-dessus des leurs. "Bien que les commentateurs du Qur'án aient diversement rapporté les circonstances dont s'est accompagnée la révélation de ce verset, tu dois t'efforcer d'en saisir la véritable signification. Il dit: "Combien sont erronées les imaginations juives! Comment pourrait être enchaînée et liée la main de Celui qui est en vérité le Roi, Celui qui a manifesté Moïse et l'a revêtu de la robe de prophétie ?Comment concevoir son impuissance à susciter après Moïse un autre messager ? Vois l'absurdité de leurs propos, combien de telles paroles s'écartent du chemin de la connaissance et de l'entendement ! Et vois aussi comment, en ce jour, tous ces gens ont repris à leur compte de pareilles absurdités!Depuis plus de mille ans ils vont répétant ce verset, censurant inconsciemment les juifs, et ne se doutant pas le moins du monde qu'ils professent, publiquement et en eux-mêmes, les sentiments et les croyances du peuple juif.Tu connais sans doute la thèse vaine qu'ils soutiennent, que toute la révélation désormais est close, que sont fermées les portes de la divine miséricorde; que plus jamais aucun soleil ne se lèvera à l'orient d'éternelle sainteté; que l'océan de bonté est tari, et que du tabernacle de l'ancienne gloire, aucun messager de Dieu ne sera plus manifesté. Telle est la mesure de la compréhension de ces méprisables petits esprits.Ils ont imaginé que le flot de la grâce universelle et de l'immense miséricorde de Dieu avait cessé de couler. Ils ont ceint leurs reins et se sont levés de toutes parts pour éteindre, sous les eaux amères de leurs vaines imaginations, la flamme du buisson ardent, oubliant que dans sa puissante forteresse, le globe de puissance abritera toujours la lampe de Dieu...Voyez comme aujourd'hui la souveraineté de Muhammad, le messager de Dieu, est apparente et manifeste parmi les masses. Vous savez quel fut, aux premiers jours de sa dispensation, le sort de sa foi, les terribles souffrances qu'infligèrent à cette essence de l'Esprit, à cet être pur et saint, les infidèles et les égarés, les prêtres de son temps et leurs partisans, de quelles épines et de quelles ronces son chemin fut semé!De toute évidence, cette génération misérable, dans ses imaginations sataniques, tenait pour un moyen d'atteindre à l'éternelle félicité tout dommage qu'elle infligeait à cet Etre immortel.En effet, les autorités spirituelles officiellement reconnues en cet âge, telles qu'Abdu'lláh-i-Ubayy, Abú-Amir, l'ermite Ka'b-Ibn-i-Ashraf, et Nadr-Ibn-i-Hárith, le traitaient d'imposteur, le déclaraient fou et calomniateur. Telles furent, enfin, les accusations portées contre lui, que Dieu empêche notre plume de se mouvoir, qu'Il défend à l'encre de couler et à la page de les recueillir.Ces perfides accusations incitèrent les masses à se lever pour le tourmenter. Et l'on peut imaginer la cruauté des tourments qu'elles lui infligèrent, à l'instigation de ces prêtres qui le dénonçaient à leurs partisans, qui le rejetaient de leur sein et le déclaraient mécréant! Mais cela même, au témoignage de tous, n'est-il pas advenu au Serviteur de Dieu qui vous parle ?Ainsi s'explique ce cri de Muhammad: "Aucun prophète de Dieu n'a souffert ce que Nous avons enduré!" Dans le Qur'án sont rapportées toutes les calomnies et tous les reproches dont il fut l'objet, toutes les afflictions qui l'accablèrent. Reportez-vous-y pour savoir ce qui advint à sa révélation.Tel fut son sort que, pour un temps, nul n'entretint avec lui ou avec ses compagnons aucun commerce d'aucune sorte. Et quiconque lui était associé tombait victime de l'implacable cruauté de ses ennemis...Mais voyez aussi comme la situation est aujourd'hui retournée! Que nombreux sont les souverains qui plient le genou devant son nom, et nombreuses les nations qui recherchent l'abri de son ombre, proclament leur allégeance à sa foi et s'en font gloire !De la chaire montent aujourd'hui les paroles de louange qui, dans une humilité profonde, glorifient son nom béni, et du haut des minarets résonne l'appel invitant l'assemblée de son peuple à l'adorer. Les rois mêmes de la terre, qui refusèrent d'embrasser sa foi et de se dépouiller du vêtement de l'incroyance, confessent maintenant et proclament la grandeur et la majesté souveraines de cette Etoile du Matin de bonté et d'amour.Telle est aujourd'hui sa souveraineté terrestre dont tu peux voir les signes en tous lieux. C'est une souveraineté de cet ordre qui doit être, de toute nécessité, un jour ou l'autre révélée et établie, soit du vivant de chaque manifestation de Dieu, soit après son ascension vers sa demeure véritable, aux royaumes célestes...Il est évident que les changements apportés par chaque dispensation constituent les sombres nuages qui s'interposent entre l'oeil de l'intelligence humaine et le divin Flambeau qui brille à l'orient de l'Essence divine.Il faut en effet, considérer que les hommes, de génération en génération, imitent aveuglément leurs pères. Eduqués selon les principes en étroit accord avec les préceptes rigides de leur foi, quand tout à coup ils découvrent qu'un homme qui vit parmi eux et qui est leur égal par rapport à toutes les limites imposées à la condition humaine, se lève pour abolir ces préceptes - dont ils ont été, durant des siècles, instruits à tenir tout négateur pour infidèle et dépravé - ils ne se trouvent guère préparés à reconnaître la vérité apportée par cet homme.Cette éducation première est comme un nuage qui voile les yeux de ceux dont l'être intime n'a pas goûté au Salsabil du détachement ni bu les eaux du Kawthar de la connaissance de Dieu.Placés dans les circonstances que nous venons de dire, ces hommes sont si aveuglés qu'ils n'hésitent pas à déclarer infidèle Celui qui est la manifestation de Dieu et à prononcer contre lui la sentence de mort.Vous avez dû apprendre que pareille chose s'est produite à tous les âges, et vous en êtes aujourd'hui témoins. Il nous convient donc de faire les plus grands efforts pour que, Dieu aidant, ces voiles sombres, ces nuages de l'épreuve envoyés du ciel ne nous empêchent point de contempler la beauté de son resplendissant visage, et que nous puissions le reconnaître au seul signe de sa Personne.
(Baha'u'llah, Extraits des Ecrits de Baha'u'llah)
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